C’est une toute petite chose invisible qui nous empoisonne la vie
Provoque une multitude de déséquilibres jusqu’à ce qu’on la
déclare maladie
Une fois contractée, nous avons bien tous les troubles
physiologiques
Mais aussi tous ces fielleux désordres en sourdines qui sont
du domaine psychologique
Son principe de contagiosité le rend transmissible et toujours
plus menaçant
Prêt à apparaître de nouveau sous une nouvelle forme inconnue
et un visage plus terrifiant
Il est la représentation du mal, invisible, parasite à forme
latente ou active mais toujours présent
A-t-il une expérience à donner à la raison humaine qui
cherche un sens, un enseignement ?
Sa transmissibilité, l’échange au sein de l’immense collectif,
de la communauté
Montre que cette petite chose a une réalité sociale, il
engage un "nous" dans cette société
Faut-il repenser le lien social ou sa défection ?
Doit-on prévoir une réponse structurelle par rapport à
toutes ces perturbations ?
L’expérience de cette petite chose révèle notre condition d’homme
nu
Qui nous engage en tant que membre de la communauté mais
aussi comme individu
Claude Bernard nous dit qu’être malade c’est pour l’homme
vivre une autre vie
On respire, puis on s’enrhume, puis on est entravé, empêché,
c’est la maladie
Cette petite chose nous diminue et nous enlève certaines
fonctions
Elle relève de l’expérience vécue, de ce qui nous arrive, un
ressenti, une perception
Et peut apporter un certain apprentissage par une prise de
conscience
Il y a rupture entre l’état d’avant par le déséquilibre venu
de cette expérience
Cette petite chose révèle notre propre impuissance, notre
part de vulnérabilité
Leçon de finitude par cette petite chose qui vit entre nous
bien caché
Cette petite chose apparaît avec ses symptômes (ce qui vient
avec) mais on ne le voit pas
Pourtant, on tousse, on éternue, on a des sueurs, des
rougeurs, mais il est bel et bien là
L’objet virus ne peut pas être porté pour autant à ma conscience
N’étant pas donné à ma perception de cette pauvre petite
chose pleine d’innocence
Mais s’il y a des symptômes c’est que le mal était déjà là dans
ce lieu
Le malade est porteur de son mal, mal physique, mal moral.
Job éprouve sa foi, appelle ton Dieu !
Contagieux, cette petite chose est objet d’échange social et
se plait à se transmettre, à perpétuer
Notre intérieur, s’ouvre à l’extérieur, l’ouverture est partout
à tout corps étranger
C’est ce qui crée cette peur, cette angoisse mondialisée
Une peur sans objet visible mais liée à ma liberté
Naissance de la phobie du contact, de nouvelles normes de
distanciation sociale
De mesures barrières, pour isoler ce corps de tous contacts
d’un rapproché trop animal
Cette petite chose met à distance et peut risquer la rupture
pour une société
Perte de liens, de contacts, manquerait plus qu’il y ait un
virus informatique pour nous menacer
Chacun chez soi, maintenir le Je à distance d’autrui comme
protection
Il faut tenir la barre pour éviter l’éviction
Mettons notre préservatif pour protéger la chose sensible!
Contrainte censée se faire oublier tout en rassurant est-ce
possible ?
Après le temps de la peur, de la sidération, de la maladie,
il y a la convalescence
Et suite à cet apprentissage progressif, retour chez l’humain
de sa puissance
Expérience d’un vainqueur comme chez Nietzche : "Je
m’en suis tiré"
Dans une société culpabilisatrice cela ne se fera pas sans légèreté
Difficile de se réjouir après une énième vague à part expier
notre survie
Le pire est toujours à venir dans une société décadente, et fatiguée. C'est la tragédie de la vie !
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